Les islamo-droitards : l’alliance du sabre et du goupillon, vraiment ?

Je t’aime bien, Lapin. Je me permets d’être familier car bien que tu ne me connaisses pas et quoique je sois une chouette, je n’ai pas l’intention d’être un prédateur (la pauvre bête est aveugle – c’est une allusion à un écrivain que tu apprécierais, il détestait l’islam aussi; il s’agit de Sadegh Hedayat, écrivain et traducteur iranien) mais plutôt quelqu’un de familier, qui apprécie à la fois ton humour, ta culture, ton esprit, et ton intelligence.

Cependant, tu t’en doutes, si jamais tu lis un jour ces quelques lignes, ce texte sera comme disent les Romains in cauda venenum.

A titre de préambule, j’aimerais clarifier quelques points : j’ai déjà dit que j’appréciais l’ensemble de ton travail, je le redis.

De plus, je vais évoquer ici ta dernière vidéo, celle sur les islamodroitards. Rien d’autre. Pas de ressentiment si peu nietzschéen chez moi; encore que je ne me revendique pas de ce penseur.

Je ne vais pas m’interdire la virulence, quoique je tacherai de rester poli : j’ai été étonné que tu sous entendes que la civilisation et le progrès commencent en gros à partir du moment où la foi avait commencé à décroître (phénomène qu’il serait audacieux de dater à la révolution française). A cette idée, j’apporte plusieurs arguments. Le premier, tu me l’apportes toi-même en citant Pascal, qui n’était pas athée, dans mon souvenir, mais janséniste, et qui était un brillant penseur, comme tous les penseurs européens jusque très récemment d’ailleurs. Même Gallilée, symbole pour beaucoup de l’obscurantisme de l’Eglise, appuya sa défense (lettre de 1615 à Christine de Lorraine, épouse du Grand Duc de Toscane, son protecteur) certes en séparant les arguments purement profanes (l’astronomie) et les arguments théologiques, mais il n’empêche que jamais il ne tenta de se soustraire à l’autorité du Pape (son ami, doit-on le rappeler), ou de l’Inquisition, qui instruisait le procès. C’est même exactement le contraire : s’appuyant sur une citation de saint Augustin, qui explique en somme que la Bible est une autorité pour le Salut, mais non pour le reste, il essaye justement d’être « plus chrétien » que ses adversaires. C’est ainsi que le 5 mars 1616, l’Inquisition rejette philosophiquement les deux propositions selon lesquelles d’une part le soleil est en repos au centre de l’univers, et d’autre part la terre tourne autour du soleil. La personne de Gallilée n’est pas concernée; ce qui est d’ailleurs le principe même d’une hérésie au sens catholique : une doctrine fausse, et qui heurte l’unité du corps de l’Eglise, et non une personne.

Je doute que tu sois suffisamment ignorant aussi pour penser que les chrétiens médiévaux (donc les Européens, pour ce qui nous intéresse – nous passerons sur les Assyriens, Arméniens et penseurs plus loin de nous géographiquement) pensaient la Terre plate. Il est ainsi inutile que je cite saint Augustin (encore lui !) ou Jérôme de Stridon. Plus proche de nous, il est j’espère superflu que j’évoque le chanoine George Lemaitre, père de l’atome (c’est un jeu de mots). Notons au passage que la doctrine de l’Eglise du géocentrisme est un héritage d’Aristote (un païen !) : eh oui, le problème d’Aristote, quand on en hérite, c’est qu’on prend tout : doctrine politico-sociale, philosophie, astronomie, etc. Un genre de « tout-en-un », si tu veux. A nouveau, les « nains sur les épaules de géant », tout ça… (fichu Bernard de Chartres; encore un religieux, mais platonicien, lui !).

Mais allons plus loin. J’entends et je respecte absolument l’idée que l’on se réclame de la philosophie des Lumières, de la révolution française, de la laïcité, de l’athéisme (encore que ces concepts soient distincts : il n’y a qu’à voir l’opposition violente de Robespierre à Sade, qui était lui un véritable athée). Mais je refuse l’idée que tu puisses ignorer, Lapin, que ces concepts étaient déjà en germe dans le christianisme : l’égalité proclamée à la révolution n’était-elle pas l’aboutissement dans la loi et sur Terre de l’égalité des âmes au Paradis ? J’en veux pour preuve, que tu me donnes à nouveau raison. Tu cites, fort à propos, le cas de l’Eglise catholique, via ses évêques, appelant à la tolérance lorsqu’il y a des attentats. Mais ce qu’il faut que tu comprennes, c’est que l’Eglise ne peut pas prôner autre chose que la tolérance en tant qu’Eglise. Le lui reprocher est du même niveau que les gauchistes qui, dans les années 80, reprochaient au Pape Jean-Paul II de causer le SIDA en Afrique parce que il ne prônait pas le port du préservatif. J’entends absolument que tu ne sois pas d’accord avec ces valeurs morales mais… que dirait donc Nietzsche ? En quoi tes valeurs morales sont-elles supérieures (ou non) à celles de l’Eglise ? Tu veux mettre un préservatif ? Fais-le.

Revenons au cœur de ta critique (pas forcément dénuée de sens). Tu reproches à une certaine droite conservatrice de fantasmer sur la virilité de l’islam, et de critiquer un Occident décadent. Cette droite serait évidement catholique. Voyons ce que disait Nietzsche de l’islam. Oui, parce que le problème c’est que contrairement à toi et quelques autres, je l’ai lu. Citons par exemple Nietzsche dans « l’Antéchrist » (1888) : « Si l’islam méprise le christianisme, il a mille fois raisons : l’islam suppose des hommes pleinement virils ». Même ouvrage, une autre citation : « Le christianisme nous a frustrés de la moisson de la culture antique, et, plus tard, il nous a encore frustrés de celle de la culture islamique. La merveilleuse civilisation maure d’Espagne, au fond plus proche de nous, parlant plus à nos sens et à notre goût que Rome et la Grèce, a été foulée aux pieds (et je préfère ne pas penser par quels pieds!) – Pourquoi? Parce qu’elle devait le jour à des instincts aristocratiques, à des instincts virils, parce qu’elle disait oui à la vie, avec en plus, les exquis raffinements de la vie maure!… Les croisés combattirent plus tard quelque chose devant quoi ils auraient mieux fait de se prosterner dans la poussière ». Notons par ailleurs que cette citation repose sur deux idées fausses : 1) que l’occident devrait tout aux Arabes, d’un point de vue culturel, philosophique, notamment; 2) que Al-Andalus était un paradis de coexistence religieuse. Ces idées ont été largement nuancées. (Sylvain Gougenheim, pour le premier point, et Philippe Conrad ainsi que Serafin Fanjul pour le second). On pourrait développer longtemps, le fait que les savants arabes ont appris des Grecs via les Assyriens parce qu’il ne parlaient pas le grec, qu’une grande part de leur science leur provient des Juifs, des Hindous mais aussi des Perses, dont ils ont repris le système administratif en vainquant les Sassanides, par exemple.

Mais la pensée « pro islam » se poursuit , à la suite de Nietzsche. Bien entendu, je pourrais citer René Guénon que tu connais très bien. Mais je pourrais aussi citer Julius Evola, auteur de « Impérialisme Païen » (1928), qui parle de l’islam comme d’une « tradition d’un niveau supérieur non seulement à l’hébraisme, mais aussi aux croyances qui conquirent l’Occident” [il parle là du christianisme] (« Révolte contre le monde moderne », 1934). Tous les penseurs que j’ai cités ont en commun d’annoncer et de penser la décadence du monde occidental et de croire au djihad qui arrive comme facteur régénérateur. Je pourrais évoquer Savitri Devi, qui voyait en Adolf H. Un avatar de Shiva, dans la même perspective eschatologique.

Tu sembles craindre en définitive une alliance du sabre (musulman) et du goupillon (catholique) contre la laïcité, la liberté et le progrès, des piliers de la société occidentale moderne. Outre le fait que nous sommes dans une société post-moderne et non moderne, ce qui est bien différent, tu permettras à certains de s’interroger sur la valeur de la liberté. D’autres avant toi (y compris les Grecs) se sont interrogés d’une façon ou d’une autre sur la valeur de la liberté. Ainsi, Epictète, penseur majeur du mouvement stoïcien et esclave, nous explique-t-il que l’important n’est pas d’être libre mais de vivre sa vie à sa place. Non pas que la vie d’esclave ne fût pas difficile (encore qu’Epictète air sûrement connu un sort plus enviable qu’un Noir en partance pour le nouveau monde ou l’empire ottoman !), mais plutôt de remettre en perspective et dans son contexte moderne, cette fois-ci, le concept de liberté. En un sens : la liberté (liberté chérie, comme dit la chanson), certes, mais pour quoi faire ?

Je reviens à tes angoisses. Tu as mentionné le fait que de moins en moins de gens croyaient en Dieu. Je dois avouer que ton manque de méthodologie m’a déçu. Comment peux-tu ignorer que ces chiffres concernent essentiellement la vieille Église catholique, là où les évangélistes venus d’Afrique subsaharienne et les musulmans progressent par simple effet démographique ?

Citons Charles Maurras en 1926, à l’inauguration de la Grande Mosquée de Paris : « Cette mosquée en plein Paris ne me dit rien de bon (…) [S]“il y a un réveil de l’Islam, et je ne crois pas que l’on en puisse douter, un trophée de la foi coranique sur cette colline Sainte-Geneviève où enseignèrent tous les plus grands docteurs de la chrétienté antiislamique représente plus qu’une offense à notre passé : une menace pour notre avenir. ». Il s’agissait de la première mosquée de France, construite en remerciements des soldats français de confession musulmane ayant aidé notre pays contre les Allemands (qui avaient attaqué notre pays malgré le fraternité européenne, mince… Le nationalisme, c’est la guerre, Lapin ?). Nous sommes tous les deux d’accord, je pense, sur le constat : le nombre de mosquées, et de musulmans, est un peu plus grand qu’en 1926, pour utiliser un euphémisme. Que la progression de cette religion, et de ses fidèles, soit due au « vide » laissé par les catholiques, n’est en effet probablement pas tout à fait vrai… ni tout à fait faux. Contrairement à une légende tenace, entretenue essentiellement à droite, Valery Giscard D’Estaing (UDF, donc droite chrétienne !) a lutté contre l’immigration, suspendant l’immigration économique en juillet 1974. C’est Jacques Chirac qui, le 29 avril 1976, a permis le regroupement familial.

De cette analyse, je n’ose imaginer que tu te réjouisses, comme un vulgaire gauchiste, que l’islam prenne progressivement le pas (démographiquement donc) sur le catholicisme.

Tu as en effet beau prétendre que l’un et l’autre se valent, c’est historiquement et philosophiquement faux. C’est du christianisme qu’est née la laïcité (« Alors il leur dit : Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. Et ils furent à son égard dans l’étonnement. » Marc 12:17). C’est au sein de sociétés chrétiennes que sont nés les penseurs que tu admires, tels que Nietzsche, mais aussi Voltaire, élève des Jésuites, Pascal et tant d’autres. Certes, Omar Khayyam fut un théoricien précoce de l’athéisme en son temps, mais je doute que les penseurs persans t’intéressent… Je pourrais ajouter que c’est non seulement du christianisme qu’est née la laïcité, mais que c’est en France que sont nés deux concepts résolument modernes : le premier est le gallicanisme, qui est la doctrine tant politique que religieuse visant à soustraire la hiérarchie religieuse française à celle du Pape, par opposition à l’ultramontanisme. Si l’on couple cette notion à celle de raison d’Etat, et à celle qui nait au XVIII ème siècle, toutes les germes sont là pour faire naitre en France, et en France seulement, la laïcité : une nation, où l’Eglise est autonome, un pouvoir politique fort, et une nation qui a le pouvoir politique. On peut le regretter, on peut s’en réjouir, mais la laïcité n’aurait pas pu naitre aux Etats-Unis que tu admires tant. Ils ne comprennent même pas le concept, pas plus que dans les autres pays, musulmans ou non. Même l’Albanie, farouchement athée de part son héritage communiste, n’a pour traduction de « laïcité » qu’une transcription bancale (lacizimi). En Tchèque, qui a une histoire similaire, le mot se traduit par « sekularismus » soit « sécularisme », ce qui n’a absolument rien à voir.

Pour conclure ce texte, je ne vais pas citer un passage des Evangiles ou d’un quelconque penseur réactionnaire, Léon Bloy ou Joseph de Maistre, mais une explication du concept de Samudaya, qui est la deuxième des quatre nobles vérités selon le premier sermon de Buddha. Elle décrit l’origine de ce qu’on appelle dukkha, concept bouddhique que l’on traduit approximativement par malaise, mal être, souffrance. Les souffrances de l’homme existent parce que celui-ci est assoiffé, et il est assoiffé parce qu’il s’attache : « C’est cette « soif » (taṇhā) qui produit la re-existence et le re-devenir (ponobhavikā), qui est liée à une avidité passionnée (nandirāgasahagatā) et qui trouve sans cesse une nouvelle jouissance tantôt ici, tantôt là (tatratatrābhinandini), à savoir la soif des plaisirs des sens (kāma-tanhā), la soif de l’existence et du devenir (bhava-tanhā) et la soif de la non-existence (vibhava-tanhā) ». Je vais simplifier, en faisant un passage par Julius Evola et Nietzsche : il existe trois types d’attachements, que sont l’amour, la haine, et le désir. Chaque fois que tu t’attaches, Lapin, y compris par la haine, tu crées un lien, qui est une soif, tu crées de la souffrance. Et cette souffrance t’empêche de vivre… L’éternel retour.

Black Lives Matter? Chiche.

« Eh bien je viens à Minneapolis pour que tu me casses les jambes »

La plupart des soutiens aux manifestations (nous reviendrons sur ce terme) de Minneapolis en protestation à la mort atroce d’un jeune afro-américain, tué par un policier, ont ceci de commun d’être à la fois bourgeois et blancs. Qu’ils soient bien intentionnés ou non, politisés ou non, on a en effet vu des hordes de bourgeois blancs urbains s’emparer d’une cause, et ce des deux côtés de l’Atlantique. Comme hier à Villeneuve-La-Garenne, l’extrême gauche s’est vue refuser l’accès à une lutte qui ne la concerne pas : le syndrome du blanc sauveur a fini par lasser ce qu’elle entendait protéger et sauver.

A moins que votre argent ne puisse aider. « Donnez, donnez, donnez, Dieu vous le rendra » 🎶

Stupéfaction et pleurs du côté de la gauche bourgeoise héritière malgré elle du « fardeau de l’homme blanc » (Rudyard Kipling)! La réalité est cruelle : on ne lutte jamais pour l’égalité, seulement pour la suprématie de son groupe. Si l’homme occidental, à travers le christianisme puis les lumières a pu concevoir une idée universelle de l’Homme, il faut bien comprendre que cette idée est étrangère au reste de l’humanité. Ainsi, nous rappelle Thomas Flich de la Neuville dans un récent ouvrage sur la Perse et sa géopolitique, celle-ci, et notamment les Perses, ont très tôt conçu une représentation du monde dont ils étaient le centre urbain, civilisé, éduqué, etc. A l’opposé, et à la périphérie, on y retrouve notamment les peuples arabes (nommés régulièrement mangeurs de serpents), turcs, indiens, mongols, etc. De même les Japonais, ont su cultiver une tradition isomationniste à laquelle la singularité géographique n’est évidemment pas étrangère (que l’on songe au terme japonais de gaijin/ 外人).

Pour Melenchon, ancien trotskiste, Lenine avait un mot : « idiot utile »

Nos jeunes bourgeois, bien éduqués, plutôt aisés, se glissant dans le sillon de Camélia Jordana se déclarent  » pas en sécurité » face à des policiers. S’il n’est nul besoin de rappeler le grotesque des mots de Camélia Jordana (qui a signé à seize ans chez Sony), fille de patron donc bourgeoise ayant grandi en banlieue résidentielle de la côte d’Azur au sens marxiste du terme (et dont la police est l’alliée objective car elle est dans la classe des possédants), il apparaît pertinent de constater qu’aucun n’a jamais eu de problème avec la police. Et d’un côté ou de l’autre de l’Atlantique, personne ne s’y trompe :

« Si les blancs se révoltaient chaque fois qu’un noir tuait l’un des leurs, nous n’aurions pas de paix »

Le manque d’expertise et de recul de ces personnes crée une distorsion et un monde confortable dans lequel les blancs (et particulièrement les policiers-comme s’il n’y avait pas de policiers noirs) tuent les noirs et les « racisés » (SIC). En définitive, ces gens ne voient de noirs que lorsqu’ils leur livrent leur commande Uber ou Deliveroo : dociles esclaves modernes amenés par la société de consommation et le Capital, auxquels ils consentent docilement et tacitement puisque, comme chacun le sait depuis Karl Marx, l’immigration est l’arme du Capital.

Hélas, les chiffres et la réalité sont cruelles :

Aïe.

La vérité est que les noirs sont le plus souvent victimes… D’autres noirs. Bien évidemment, il y a sûrement une multitude que votre serviteur n’a pas, et ne peut que suspecter : la pauvreté, qui touche davantage les afro-américains, les modèles culturels et socio-économiques, la législation sur les armes à feu, etc. Il ne s’agit là que de données brutes, auxquelles on peut tout faire dire.

Aucun groupe n’a besoin d’un autre pour régler ses problèmes et ses tensions : le génocide du Rwanda, ainsi que les autres conflits d’Afrique depuis l’existence de ce continent, le prouvent. Et aux petits malins qui voudraient évoquer la responsabilité de la France dans ce conflit tragique, je rappelle que la responsabilité du violeur repose sur le violeur. De même, la responsabilité de la mutilation ou de la décapitation repose sur celui qui tient la machette.

Du coup, #blacklivesmatter pour eux ou pas ?

Revenons à présent sur le terme de manifestations. Lors des manifestations des gilets jaunes, on a vu des hommes être mutilés, voire tués par la police. Pour le moment, il faut s’en féliciter, la police de Minneapolis, n’a pas réagi aux pillages, dégradations et aux destructions de bâtiments, magasins, monuments notamment celle de Louis XVI à Louisville.

Rien que ça c’est un casus belli.

Si certains pensent que la mort d’un homme par un policier (qui en plus, d’après ce que j’ai compris aurait dû depuis longtemps être suspendu) justifient ce genre d’actes, il faut qu’ils se souviennent que seul l’Etat dispose du monopole de la violence légitime. J’ignore les moyens dont dispose l’Etat américain pour maintenir l’ordre mais ils existent.

Un des arguments soulevés par les racisés (ÉNORME SIC) pour appuyer l’idée d’un racisme d’Etat, est que seules les populations issues de l’immigration subissent contrôles, arrestations, brutalités voire pire. Sans remonter jusqu’au cas de Sébastien Deyzieu ou jusqu’à février 34 (où aucun noir ne fut brutalisé pour des raisons évidentes), l’actualité récente a montré que la police était capable de brutalité, de façon indistincte : gauche, droite, écologistes, noirs, blancs. La question se pose donc pour chacun d’une part dans son rapport à l’Etat (et la police), à la nation et à sa communauté. Comme je l’ai dit plus haut, chacun lutte pour la suprématie de son groupe et de ses idées. C’est la base de la politique vertueuse. Mais il est faux de dire que telle ou telle communauté bénéficie d’un traitement de faveur.

D’où vient le problème ?

En France et aux États-Unis, des problèmes différents ont évidemment des causes et des conséquences différentes. L’histoire, la façon de faire de la politique, le rapport à l’autorité, à la propriété, à la police en particulier n’est pas le même.

Pour conclure, il y a fort à parier que la clef de cette situation se situe en partie dans la démographie, car « tout désespoir en politique est une sottise absolue.

Coulor out of space (2019) : en Nouvelle-Angleterre, personne ne vous entendra crier

Pour « Color out of space » (la couleur tombée du ciel », Richard Stanley fait le pari audacieux d’adapter Howard P. Lovecraft et de le transposer à notre époque.

Les attentes de votre serviteur étaient grandes concernant ce film. La musique, la lumière, la photographie contribuent à un cadre fabuleux pour ce film. Cependant, de nombreux détails de taille ont attiré mon attention et ma déception.

Commençons par les personnages. Lavinia, la fille, jouée par Madeleine Arthur, que l’on voit dès la première scène du film et dont le jeu se résume pendant un tiers du film à « pseudo rebelle gothique adepte de magie » est une catastrophe d’écriture. La moindre de ses répliques, en rébellion permanence, le moindre de ses détails (accessoires, vêtements, tatouages (un pentacle sur le pied…)) lui donne la profondeur d’une écuelle. Ainsi, au début du film, ce personnage que l’on a vu invoquer la nature au premier plan, dit que le cassoulet est je cite, « de la bouffe de paysans ». Comment peut on autant aimer la terre et en même temps, mépriser ses fruits ? Il faudra ainsi attendre que sa mère soit frappée par la « couleur » pour qu’elle évolue et se rapproche de sa famille, notamment de sa mère.

Passons au personnage de « Ward Philips » (SIC) de Providence, joué par Elliott Knight. Derrière ce nom, chacun aura reconnu Howard Philips Lovecraft, génial auteur de la nouvelle, et raciste notoire. L’idée de mettre un personnage à son nom et de le faire jouer par un métisse noir britannique est révélateur de la politique « wok aux légumes » (j’emprunte l’expression au videaste Moizi, de la chaîne Anal Génocide). Le fait qu’il soit métisse ne pose pas de problème en soit mais cela n’apporte strictement rien d’un point de vue narratif, surtout pour le peu de temps qu’on le voit à l’écran. C’est juste Howard P. Lovecraft devenu noir par la simple volonté du studio de production.

Concernant le personnage de Nathan Gardner, interprété par Nicolas Cage, il est égal à lui même, tantôt bon, tantôt lunaire, tantôt fou. Il joue un rôle bien écrit de père de famille dont le monde s’écroule et qui tente de faire comme si tout allait bien. À travers lui, Stanley réussit également à faire du film une fresque de la famille traditionnelle qui s’écroule.

L’histoire générale reste bien respectée : la météorite inconnue qui rétrécit jusqu’à disparaître, ses conséquences sur l’environnement (flore, faune…), si l’on excepte le remplacement incompréhensible des vaches de la famille par… Des alpagas. Là encore, cet incompréhensible goût de l’exotisme n’est pas expliqué autrement que par les « Mayas utilisaient des alpagas » (ce qui est factuellement faux, puisque les alpagas vivent dans les Andes, les Mayas au Yucatan et au Belize). L’idée n’est pas de critiquer ce choix scénaristique, mais plutôt de soulever l’incohérence de la présence de tels animaux en Nouvelle-Angleterre, rappelons le, sans autre explication que ce qu’il semble être un caprice.

Évoquons ce qui fait le charme et la beauté des histoires de Lovecraft : la peur. C’est là la principale difficulté, chacun des amateurs du « reclus de Providence » le sait, qu’ont rencontré tous ceux qui ont voulu porter à l’écran ses histoires (même Guillermo del Toro a semble rencontrer des difficultés sur son projet « les montagnes hallucinées »). Dans « Color out of space », le mélange subtil d’esthétique légèrement kitsch (la scène où le sang qui coule aux pieds de Lavinia quand elle fait la vaisselle, la mort de Benny, ou encore la mort des alpagas mutés) et onirico-horrifique (les scènes où Jack « discute » avec la « chose dans le puits et dessine) fonctionne. Richard Stanley, en évitant les jumpscare nous invite à entrer dans sa propre vision de Lovecraft. Il nous dit » j’ai vu ce qu’a vu Lovecraft. C’est terrifiant, magnifique, et voici ». Certes, il ne se prive pas de certains ressorts (utilisation de l’enfance, figure de l’innocence) pour nous transmettre la peur et le malaise. En effet, chez Lovecraft, la peur n’est pas une stupeur : c’est un malaise, une angoisse de l’inconnu. Et le film de Stanley respecte plutôt bien le rythme de progression de la nouvelle. Si le décalage entre kitsch et horreur peut paraître gênant, il fonctionne en réalité assez bien, notamment grave à la performance sus évoquée de Nicolas Cage. Notons par ailleurs le personnage totalement inexistant de Benny Gardner, joué par Brendan Meyer.

La place de la technologie et notamment du rapport à l’information est à souligner, car il rajoute une tension dramatique à l’action. Ainsi, quand Jack et sa mère sont frappées par « la couleur », tous se retrouvent isolés des secours malgré leurs téléphones portables et leurs ordinateurs, rendus inutilisables. On pensera ainsi au sous titre du film « Alien » « dans l’espace, personne ne vous entendra crier ».

En outre, la dépendance de Theresa Gardner (jouée par Joely Richardson) à la technologie-obsession au travail-se place comme une audacieuse critique de la vision du monde de Howard P. Lovecraft, fasciné par les grandes découvertes (régions polaires), l’astronomie, la chimie, et la physique. Ainsi, dans « Color out of space », ce sont les hommes de loi (police et maire) que l’on voit prendre les choses en main, alors que dans la nouvelle de Lovecraft sortie en 1927, ce sont des scientifiques, signe d’un regard différent sur la science, la technique et le progrès : autres temps, autres mœurs.

Au final, comme dans la nouvelle de Lovecraft, ce qui terrifie ici, c’este caractère abstrait de la menace extraterrestre. Même le predator peut être vaincu par un être fait de chair et sang. La couleur tombée du ciel, elle, n’a pas de but clairement exprimé, pas de morale, pas de buts que l’on puisse contrecarrer.

Jeanne, au secours !


« Jeanne » de Bruno Dumont est un film beau, bizarre, et pur. Ça sent parfois la naïveté voire l’amateurisme dans le jeu notamment de Lise Leplat Prud’homme (Jeanne). Péguy et Dumont font d’elle, dès le début de l’histoire, et peut être malgré eux, une Jeanne politique que n’aurait pas renié Maurras : devant le silence des voix, elle prend une décision qui s’avérera certes lourde de conséquences (attaquer Paris par la porte Sainte Honoré) mais faisant également plier des hommes. A une époque, la notre, qui nous explique qu’il n’y a pas d’âge ni de sexe pour prendre ses responsabilités, Jeanne répond, du haut de son adolescence et de sa voix parfois hésitante : « Je le sais bien. Je l’ai fait six siècles avant vous ». Ce que met d’ailleurs en avant le procès c’est moins son hérésie que le conflit entre le roi (pouvoir politique), derrière lequel se range Jeanne, et l’université (pouvoir religieux) acquis aux Anglais; ce que l’on nommera bien plus tard « la trahison des clercs ».

L’actrice porte parfois maladroitement, à bout de bras, ce personnage, tiraillé entre l’enfant, le chef politique et la mystique.
Dumont n’est sans doute ni maurrassien ni catholique. Mais c’est un artiste, un poète : son sens de la mise en scène, de l’usage de la caméra et de la musique (la scène où les cavaliers se préparent à la bataille) montre qu’en plus d’aimer le texte de Péguy, un de nos plus grands prosateurs de notre langue, il aime les acteurs, les animaux et la lumière. C’est également un iconoclaste : quand Jeanne entre dans la cathédrale, point d’orgue ni de chants médiévaux, mais le récemment décédé Christophe (qu’on aperçoit plus tard dans le film) au piano.
Celle-ci joue un rôle bien particulier dans le film. Celle du soleil d’abord, qui est le Dieu muet, insensible, et tout à la fois éternel, comme dans « le désespéré » de Léon Bloy : « Vous avez promis de revenir, criait-il à Dieu, pourquoi ne revenez-vous pas ? Des centaines de millions d’hommes ont compté sur votre parole, et sont morts dans les affres de l’incertitude ». De la même façon, que Dostoievski le disait, Jeanne découvre que « si Dieu n’existe pas, tout est permis ». Voilà la leçon amère de la guerre que fait cette adolescente dans une période trouble, sur la violence et la bassesse des hommes.

Lors du procès, la cathédrale semble toujours trop grande pour les juges de Jeanne- et la tâche qui leur incombe. Cela est du bien entendu à la façon de filmer de Dumont (utilisation de la contre-plongée, de focus larges, cathédrale gothique vide, musique monumentale etc).

Il faut je crois dire un mot sur Fabrice Lucchini, qui campe un Charles VII encore faible, lunaire, drapé dans ses fourrures, affaibli par ses conseillers, et qui renvoie Jeanne « se reposer ». Cela me permet de souligner la grande qualité des costumes, des armures, des armes, et des accessoires ; j’émets des réserves dues à ma connaissance assez modeste du sujet. En outre, la façon de Dumont de ne (pas) caster ses acteurs, permet d’éviter les visages traditionnels, beaux, lisses, bien coiffés, obtenant au final des visages, des corps, des voix, proches de ce que l’on rencontre encore dans les campagnes et qui font médiéval.

Le procès, nous l’avons dit, montre l’opposition entre le pouvoir séculier français et le pouvoir religieux acquis à l’Angleterre. À nouveau, le casting notamment des juges de Jeanne fait mouche. La colère et la naïveté se mêlent et se brisent dans la voix de Jeanne. Si caricaturaux qu’ils soient, les juges débattent réellement : même certains semblent vouer une haine réelle à Jeanne, d’autres semblent sincèrement vouloir la sauver, et avancent des arguments théologiques.

C’est un film poétique, lumineux, qui fait du bien au cinéma français. Il évite les clichés, le pathos et le mauvais goût. Parfois pas tout à fait juste, il tire justement sa force de ces imperfections, de cette musique inadaptée, de ce jeu un peu étrange.

Il n’y a pas de prêtre pédophile

Le 30 janvier 2019, au cours d’un emblématique et médiatique procès, le cardinal Barbarin, primat des Gaules, était relaxé. Il était accusé d’avoir couvert des agressions sexuelles commises au sein de l’Eglise catholique par des prêtres. Néanmoins, il présenta alors sa démission au Pape.

Interrogeons nous à present sur ce qu’est un pédophile non pas d’un point de vue du désordre sexuel et clinicien, ce qui est bien au delà de notre domaine de compétence, mais d’un point de vue social, économique, politique et démographique. Nous allons démontrer que le titre de cet article, pour provocateur qu’il est, trouvera du sens à la fin.

Commençons par essayer de lister les éléments qui, de tout temps, dans toutes les civilisations, quelle que soit leur sexe (encore que la majorité soit des hommes), leur religion, leur profession, leur ethnie, ou leur hiérarchie sociale, qui rassemble les pédophiles. En vérité, il n’y a pas grand chose. Le seul point commun entre un prêtre catholique pédophile américain et Marc Dutroux, est leur pédophilie. Le point commun entre Roman Polanski et un Indien violeur d’enfant, est la pédophilie, à nouveau. La religion, l’ethnie, le pouvoir, la profession, la richesse n’entrent jamais en ligne de compte.

La question qu’on est en droit de se poser est donc la suivante : qu’est ce qui « unit » les pédophiles, au delà de cette perversion ? La réponse est simple. Les pédophiles sont attirés par les enfants, et non l’inverse, rappelle la psychanalyste Cécile Sales : ils ne deviennent pas pédophiles en les fréquentant. On ne devient pas pédophile à force de côtoyer des enfants. Cette dernière idée est précisément l’idée défendue par les pédophiles eux-mêmes qui auraient « craqué ». Or un individu sain n’a lui pas de problème à côtoyer des enfants qu’il soit prêtre, enseignant ou chirurgien dentiste.

Voilà pourquoi il y a probablement d’un point de vue statistique autant de pédophiles chez les plombiers, les bouchers, les employés de bureau, les opticiens, les couvreurs zingueurs, les chômeurs, les déménageurs ou je ne sais quoi d’autres. Mais ces professions étant peu en contact avec des enfants et peu médiatisées, il y a peu de chances (le terme de chance est utilisé dans son acception mathématique) qu’il y ait de cas de pédophilie avérés et aussi, c’est heureux, d’agressions. En effet, un opticien ou un plâtrier n’est jamais isolé avec des enfants, on le comprend parfaitement.

Il est juste d’un point de vue judiciaire de faire le procès des pédophiles y compris des pédophiles qui sont prêtres. Mais il y en a partout, et pour le moment, la hiérarchie des priorités semble être guidée par une morale d’esclave et par une mauvaise foi assez navrante.

Les droits de la Nature : de qui se moque-t-on ?

La pandémie de Covid-19, un type de coronavirus, met les États et les peuples face à de nombreuses difficultés et interrogations. Le confinement des populations, la gestion des stocks de masque et de tests, la situation sanitaire catastrophique en Europe, sous les yeux des caméras, est l’abcès qui crève après avoir enflé pendant quarante ans de gabegie politique et de soumission aux banques et à l’Union Européenne.

Par son bouleversement de l’équilibre économique, diplomatique, financier et industriel de la mondialisation « heureuse » héritée de la fin de l’URSS, elle invite à une réflexion globale. En France et en Allemagne, même les ténors de celle-ci semblent être devenus, au moins dans les discours, un mélange de Jean Jaurès et de Pierre Poujade. Et c’est dans ce contexte merveilleux que « la nature retrouve ses droits ».

Loin d’être seulement une accumulation de poncifs, de photos et de vidéos plus ou moins intéressantes relayées par les réseaux sociaux, c’est-à-dire le bistrot de notre époque, des journaux très sérieux relaient l’idée d’une nature qui aurait des droits. Cette idée pose problème d’un point de vue juridique et philosophique. En effet, de deux choses l’une : soit elle est sujet, et elle a également des devoirs, qui n’ont été nulle part précisés, soit elle n’est qu’objet et elle n’a que des droits (à l’image des enfants, ou du corps du défunt).

Il existe des textes regroupés sous le nom de « textes de référence des droits de la Nature ». Ces textes eux-mêmes posent problème. Premièrement, ils n’ont pas de valeur contraignante. Deuxièmement, ils n’ont pas de légitimité démocratique en Europe. Troisièmement, conséquence du point précédent, sa portée géographique est très limitée. Quatrièmement, ces textes ont une vision religieuse de la Terre : « Article 1 : la Terre mère est un être vivant ». S’il n’est nullement question de remettre en question les croyances des uns ou des autres, il est en revanche logique de s’accorder sur l’idée que tous dans le monde ne partagent pas cette vision.

Le problème suivant est la simple idée de séparer nature et homme : l’anthropologue Philippe Descola explique que ce concept est à la fois occidental et récent (nous rajouterons volontiers, pour être précis, moderne). Il paraît en effet logique que l’Homme médiéval, créature jardinier de la Création, n’aurait jamais eu l’orgueil (les Grecs eussent parle d’hybris) de séparer la nature qui les entourait et leur propre humanité. Même plus tard, Fieodor Dostoievski écrit : « Aime toute la création de Dieu, son entièreté et chaque grain de sable. Aime chaque feuille, chaque rayon de la lumière de Dieu. Aime les animaux, aime les plantes, aime tout. Si tu aimes tout, tu percevra les divins mystères dans les choses ». Il se place ainsi dans les pas de Saint François d’Assise, fondateur de l’écologie chrétienne avec son sermon aux oiseaux.

L’idée d’une nature devant bénéficier de droits, et donc d’un homme devant « réparer » des dommages, résulte d’une part des dégâts sur le biotope (encore très limités à cette époque, on le comprend) et d’autre part de l’humanisme qui met l’homme au centre de la Création.

La conséquence de ce raisonnement est logique : les effets attendus et observés sur les gaz à effet de serre, la faune, la flore sont bien évidemment temporaires. A ce titre, cette pandémie est une fausse bonne nouvelle tant pour l’environnement au sens large que pour l’économie tant que le système économique ne sera pas profondément remis en cause.

La deuxième révolution, parallèle, doit donc être celle du rapport à l’environnement et à la nature. Séparer son esprit de la nature implique de considérer celle-ci comme un simple réservoir à ressources : eau, pétrole, bois, minerais, nourriture. L’Homme du futur sera donc dans le Monde, comme un jardinier, ou ne sera pas.

Et à la fin, c’est la culture qui perd.

La récente agression de féministes que nous qualifierons de droite parce qu’elles ont fait le choix d’aborder des thématiques telles que l’immigration nous fournit l’occasion de revenir sur certains sur sujets.

La première est la question de la violence et de son ambiguïté vis à vis de celle-ci au sein des mouvements féministes. Nous sommes à un mouvement de bascule où, sous l’influence de mouvements d’extrême gauche qui revendiquaient déjà la violence comme mode d’action, les premiers semblent glisser vers la violence comme mode d’action (comme moyen). Nous ne le critiquerons pas : « chaque communiste doit être pénétré de cette idée : le pouvoir est au bout du fusil » disait Mao Tzé Toung. Or, comme nous l’avons déjà dit dans un autre article, opposer une violence illégitime à la seule violence légitime (celle de l’Etat) n’est pas sans conséquence.

Nous n’aurons pas la faiblesse de céder ici aux stéréotypes de la « femme faible », même si l’auteur de ces lignes, ancien militant politique, a vu de ses yeux des militants d’extrême gauche frapper des femmes, y compris des femmes enceintes; chose qui s’est reproduite dimanche 8 mars et dont ils se sont vantés. Dans ce climat étrange et disons le un peu délétère, il nous apparaît cohérent que chacun et chacune assume ses positions et ses propos sur la violence physique et verbale.

Les commentaires sont édifiants : https://www.instagram.com/p/B9e4YL6Fehu/?igshid=1lw5gbbbr8wct

Et c’est précisément là que le bât blesse : nombres de mouvements féministes portent un discours utile contre les violences faites aux femmes, ainsi qu’une critique pertinente de la police, souvent peu disposée (et c’est un euphémisme) à prendre en charge les victimes de violences sexuelles ou sexistes. Or, comment conserver une telle parole audible tout en revendiquant la violence tant contre des adversaires politiques (si tant est qu’il s’agisse d’adversaires politiques) que contre la police ? Sans même mentionner le fait que le ménage n’est guère fait dans les propres rangs de l’extrême gauche, comme à Montpellier ou à Parme.

Le deuxième sujet est d’ordre juridique et philosophique. Il va nous demander d’évoquer encore une fois l’affaire Polanski. Plus de cent avocates féministes ont souligné ce que je me tue à dire depuis des semaines sur les réseaux sociaux : la présomption d’innocence et la prescription sont des piliers de notre justice. Même des pays comme la France ou les États-Unis (curieusement cités comme des modèles de démocratie alors qu’ils sont critiqués à longueur de temps par les Français pour Guantanamo et le Patriot Act) peuvent basculer dans l’arbitraire. De nombreux auteurs nous ont averti du règne de celui-ci : Albert Camus, avec « la peste », Georges Orwell, avec 1984, Ray Bradbury avec « Fahrenheit 451 », ou encore Franz Kafka avec « le procès ». Je me dois de vous renvoyer une fois de plus à cette vidéo qui explique que Roman Polanski a purgé sa peine pour l’affaire Samantha Geimer. Pour le reste, il ne reste que des accusations qui ne font pas de lui un coupable. L’idée, comprenons nous bien, n’est pas de rejeter en bloc et par principe l’accusation de viol, et encore moins de traiter une femme qui accuse un homme, fusse-t-il célèbre, de menteuse. L’idée est de dire qu’une accusation n’est pas suffisante pour faire de l’homme qu’elle accuse un coupable, et qu’il faut qu’il y ait un coupable.

Cela me permet de venir à mon troisième point. J’ai lu avec horreur, et je pèse mes mots, qu’il fallait penser à retirer « Lolita » de Vladimir Nabokov, de nos bibliothèques. Ça commence comme ça, et ça termine comme ça :

Non ça n’est pas un point Godwin, relisez la définition.

Quel rapport y a-t-il entre « Lolita » (œuvre de fiction rappelons le) et l’affaire Polanski ? Absolument aucune. Il est terrifiant d’imaginer un monde où la présomption d’innocence serait bafouée, et où des œuvres seraient jetées au feu (virtuel, médiatique ou réel). Mais ce monde a déjà existé : cela s’appelle une dictature.

Il n’est évidemment pas question de penser à une « dictature féministe ». Mais il y a fort à parier que notre culture s’appauvrisse et que certaines féministes (car je ne fais pas d’amalgames) en soient malgré elles les idiotes utiles (ceci n’est pas une insulte mais une paraphrase de Lenine).

Et le gagnant est…

A l’heure où Roman Polanski vient de recevoir sous les hourras et les huées mêlés le prix du réalisateur pour son film « J’accuse » (2019) lors de la dernière séance des Césars, il apparaît nécessaire de tenter de réfléchir sur son cas.

Son cas est celui à la fois d’un homme, d’un artiste, et d’un potentiel criminel. Le simple fait pour moi d’écrire « potentiel », j’en suis conscient, me place dans la catégorie de ses défenseurs : peu m’importe. Ces gens là pour la plupart n’ont jamais mis les pieds dans un cours de droit, et ne peuvent même pas, pour beaucoup, ester en justice.

Qu’on me comprenne bien : je n’ai pas de sympathie ou d’antipathie particulière pour l’homme (que je ne connais pas personnellement), ni pour l’artiste (je n’ai vu qu’un seul de ses films, « Le bal des vampires ») et j’ai comme le tout venant une saine horreur des pédophiles et des hommes qui abusent de leur pouvoir. Si je précise de leur pouvoir, c’est que ce point a, comme nous le verrons, son importance.

J’évoquerai brièvement la première affaire Polanski. Au cours de celle-ci, le réalisateur franco-polonais (là encore, rappeler sa nationalité est important) fut jugé et condamné pour un seul chef d’accusation par un juge californien : « relation sexuelle avec une mineure ». En effet, faut il le déplorer ou s’en féliciter (et je ne me prononcerai pas) mais la loi californienne met au même plan une relation entre un jeune homme de dix neuf ans et sa petite amie de dix sept, et Celle entre un homme de quarante et une très jeune fille de treize ans (comme ce fut le cas de ladite affaire Polanski). Les autres charges, notamment celles de viol et d’utilisation de drogue, furent levées. Que Roman Polanski ait « payé Samantha Geimer » (une mineure..?) pour qu’elle abandonne le procès est sans importance (et probablement faux) : ceux qui soulèvent cet argument sont choqués par le principe moral de cette coutume américaine. Mais la morale n’a rien à faire là dedans.

A la suite de l’accord passé avec le juge, Roman Polanski passa un certain nombre de semaines en prison. Mais ledit juge, passée cette période, voulut renégocier un accord et l’enfermer une nouvelle fois. C’est pour cette raison que Roman Polanski est parti des États-Unis. Il n’a pas fui la justice américaine mais un juge obsédé par le buzz et par sa propre réélection et non préoccupé par Samantha Geimer; rappelons qu’aux États-Unis, nombre de magistrats sont élus, notamment les juges et les shérifs. Voilà donc pourquoi la France, pays dont Roman Polanski possède la nationalité (il est né en France de parents français) ne l’extrade pas : il eut fallu qu’il commît un crime tel que le viol. Une extradition de la France vers les États-Unis serait tout simplement illégale en droit français.

Je vous renvoie pour de plus amples précisions à l’autobiographie de Samantha Geimer et à cette vidéo.

Se pose la fameuse question : « faut il séparer l’homme de l’artiste ? ». Deux réponses possibles. Dans un premier cas, on ne sépare pas les deux, admettant que le rapport trouble avec les femmes qu’entretient Roman Polanski et que souligne d’ailleurs Moizi fait parti de son œuvre. Dans « la Vénus à la fourrure », le cinéaste fait ainsi jouer Matthieu Amalric avec sa propre coupe de cheveux face à son épouse, Emmanuel Seigner. Toute sa filmographie est également hantée par sa judéité (« le pianiste », jusqu’au récent « J’accuse »), et par son rapport à la justice, dont il fait le thème central dudit « J’accuse « . C’est ce qui fait de Roman Polanski un auteur. Partant de ce principe, si l’on estime qu’il a mis de sa vie dans son œuvre, et vice versa, on peut estimer que ladite œuvre peut servir de pièce à conviction devant un tribunal. Cela peut être dangereux, car il s’agit toujours de fiction, à la différence des journaux intimes de Gabriel Matzneff, mais l’argument est recevable. Il faudra par conséquent penser à juger à posteriori, voire à décrocher des tableaux (et qui sait, brûler des livres ?) des hommes tels que le Marquis de Sade dont on sait pertinemment qu’il a couché sur papier les forfaits qu’il a commis.

La deuxième position consiste à raisonner de la façon suivante, un peu schématique et un peu caricaturale : elle consiste à dire que Roman Polanski (et d’autres!) peut très bien recevoir un prix le vendredi et une convocation au tribunal le mardi. Ainsi, son talent réel ne peut pas davantage lui servir de bouclier devant un tribunal, que ses crimes ne peuvent servir d’alibi à faire taire un artiste talentueux.

On me répondra que les autres potentielles victimes sont anonymes, mortes, ou que le délai de prescription est passé, voire qu’elles n’osent parler. Plusieurs réponses : est ce la faute de la cérémonie des Césars ? Sans doute pas. Il est peu probable que la cérémonie des Césars (surtout les récentes) aient fait quoique ce soit pour changer le système judiciaire. N’est-ce pas davantage la faute du système judiciaire français, relais de son appareil législatif ? Parmi la meute qui hurle et demande à ce que Roman Polanski soit poursuivi (à raison), combien ont eu le courage de s’engager dans des études de droit afin de désengorger notre système judiciaire ? Je pense que tout le monde s’accorde sur la lenteur et les défauts de ce système. Mais c’est pour nous là l’occasion de pointer une légère incohérence dans le discours de ceux qui s’attaquent (sans doute avec les meilleures intentions) à Roman Polanski.

Le plus grand scandale de pédophilie français a été mis à jour il y a plusieurs mois en Bretagne. Le nom du suspect (il s’agit là encore de respecter la présomption d’innocence) est connu : Joël Le Scouarnec. Pourquoi cet homme, qui a fait des centaines de victimes (potentielles) ne subit-il pas l’ire de la vague féministe qui assaille Roman Polanski ou Harvey Weinstein? La réponse tient sûrement à sa profession et donc à son statut social : personne ne s’intéresse à un dentiste de province. Sa chute sociale, quelle que soit la monstruosité de ses crimes, n’a pas d’importance. Alors que s’attaquer à Roman Polanski (quand on s’appelle Adèle Haenel ou Florence Foresti, pas quand on est une caissière de super marché), c’est possible et c’est intéressant. En somme, la lutte des classes s’est déplacée, mais elle n’a pas disparu.

Si le temps est cyclique comme le croit René Guénon, alors il y a fort à parier que cette âpre ère du lynchage risque de faire du tort, dans quelques années ou dizaines d’années, à ceux qui s’en font les artisans.

L’affaire Mila et pourquoi l’islam n’a pas d’intérêt dans celle-ci

L’affaire Mila, qui voit une adolescente harcelée, intimidée et menacée de mort (nous reparlerons plus bas de ses agresseurs) pour avoir simplement exercée un droit consacrée par la Constitution, est l’occasion de prendre la hauteur sur une notion si chère à la République Française : la laïcité. Dans une récente intervention, Alain Finkielkraut souligne à juste titre une évidence : il est impossible de débattre de cette notion sans tensions, précisément parce que tant qu’elle ne posait pas problème, il était inutile d’en débattre.

Il est inutile de souligner, je pense, la lâcheté des différents dirigeants politiques, notamment de gauche, vendus au Capital depuis la rigueur (1983) et aux minorités depuis qu’ils ont abandonné les ouvriers. Ainsi, même Jean-Luc Mélenchon, qui a les yeux humides dès qu’il déclame Victor Hugo, attendit assez tardivement pour soutenir lui aussi l’adolescente et son droit au blasphème qui, rappelons le n’existe pas en droit français; notre pays ayant même été le premier à l’abolir, et ce dès 1789, donc bien avant la loi de séparation des Églises et de l’Etat de 1905 et avant même l’instauration de la première république, instaurée en septembre 1792. Or donc, de Martine Aubry à Nicole Belloubet, garde des sceaux, faut-il le rappeler, tous et toutes se sont compromis. Si le bête clientélisme semble une piste évidente (nous disons bêtes car les musulmans sont majoritairement abstentionnistes), la soumission idéologique et la trahison précédemment évoquées semblent des pistes tout aussi probables. L’idée, consciente ou non, est ici d’être mangé le dernier par le crocodile que l’on aura nourri, selon une célèbre métaphore.

Plusieurs choses à souligner : Mila s’en est pris, selon une cohérence et une logique courageuses (quoique historiquement fausse) à l’ensemble des religions. Lors de sa discussion avec l’ensemble des personnes assistant à son live, il y a eu une focalisation sur l’islam qui n’était pas de son fait mais des personnes dont elle avait repoussées les avances. Dès lors, aucun juif, chrétien, bouddhiste, sikh, ou jainiste ne s’en est pris à elle, individuellement ou via une institution quelconque. Nombre de journalistes, sociologues, hommes politiques posent la question (faussement) naïve : quel est le problème avec l’islam ? La réponse tient dans la grande absente des débats et empoignades, à savoir la démographie. En effet, si aujourd’hui, contrairement aux années trente ou cinquante, l’islam pose un souci, c’est parce qu’il dispose d’institutions, de moyens humains, ce qui lui a été permis par une croissance démographique. Contrairement à ce que dit la journaliste dans la vidéo précitée, ce ne sont pas des islamistes qui ont insulté, menacé Mila : ce sont les mêmes « jeunes » qui font vivre un enfer plus « doux ». C’est ainsi qu’apparaît une fois de plus un premier angle mort du féminisme, à savoir l’intersectionnalité des luttes. L’idée que celles-ci puissent se valoir et donc être mises au même niveau se heurte à la réalité sociale, culturelle et en particulier religieuse. En l’espèce, il est impossible de faire cohabiter sur un même espace (quartier, ville, pays) des femmes (et des hommes) prétendant à une liberté sexuelle, d’expression, d’opinion, et des peuples qui n’ont pas la même conception. On argumentera à raison que la misogynie n’est pas essentielle à une culture, une religion ou une ethnie (le chaupadi au Népal, par exemple). Mais comme évoqué plus haut, les harceleurs de Mila le font au nom de leurs valeurs et de leur morale religieuse. L’idée n’est pas ici de prendre ou nom la défense de celles-ci, car l’ethno-centrisme n’est lui non plus pas le propre d’une culture ou d’une civilisation, comme le rappelle Claude Lévi-Strauss dans « Race et histoire ». Il s’agit seulement de constater l’échec de la cohabitation depuis plus de quarante ans entre plusieurs peuples car « une politique se juge à ses résultats » (Charles Maurras).

Ainsi, tous les intellectuels, journalistes, politiques qui débattent de cette crise ne font que regarder le doigt, là où il faudrait regarder la lune : l’islam n’est pas tant le problème que « la surinfection de la plaie » pour reprendre une expression de l’historien Bernard Lugan. Le robinet à ouvrir ou fermer n’est pas celui de la laïcité, mais celui de l’immigration, afin d’inverser la balkanisation du pays.

Il est compliqué de conclure sans nous répéter. Comme disait Anatole France, « la République gouverne mal mais se défend bien ». Depuis des décennies, son administration, sa police, et son armée ont permis de d’endiguer les phénomènes de balkanisation évoqués plus haut. A terme, celles-ci peuvent ne plus protéger les Français, avec le risque « tous contre tous ». La solution se résume à une vieille formule : « une terre, un peuple » et dans les moyens administratifs, policiers, juridiques, permettant de mettre en place la remigration de l’essentiel de populations étrangères non assimilées à notre pays.

Pourquoi le débat sur le voile n’a pas d’intérêt ?

J’ai écrit il y a quelques temps de cela un article où je tentais d’expliquer la vanité du débat « pour ou contre le hijab à Décathlon ». Un malheureux incident récent, où l’on vit un élu RN se comporter comme un malappris avec une femme musulmane certes voilée mais qui était hélas dans son bon droit (républicain) vit une nouvelle occasion pour les Français de s’engueuler entre les grèves, les retraites, puisque les médias commençaient à se lasser un peu des Gilets Jaunes et que les fêtes de Noël étaient encore un peu loin. En somme, une nouvelle affaire Dreyfus est en marche !

« Un dîner en famille », 1898, Caran d’Ache

Ainsi, puisque selon le bon mot du général de Gaulle, « les Français sont des veaux », tâchons de voir pourquoi ce débat n’est que le doigt que nous montre le philosophe, et quelle est la lune que nous devrions regarder.

I/ L’islam, nouveau football

Il est bien connu qu’en France, il y a à peu près autant de sélectionneurs que de fans de football. Force est de constater qu’un phénomène semblable se produit pour ce qui est de l’islam : chacun a un avis sur tout, sous prétexte qu’il a lu même vaguement et même mal traduit le Coran, qu’il a regardé une émission de BFMTV ou de France 2. Et les milieux nationalistes n’échappent pas à cette triste règle. De la droite bourgeoise catholique à la droite la plus « extrême » que représente le Rassemblement National, tout ce joli monde se répand en propositions plus ou moins farfelues (et souvent anticonstitutionnelles) pour « lutter contre le voile ». Sur tous les plateaux de télévision et de radio, les uns et les autres proposent par exemple d’interdire tous les signes religieux sur l’ensemble de la voie publique (l’auteur de ces lignes portant une Vierge à l’enfant tatouée sur le bras risque de passer de merveilleux moments en été si le RN arrive au pouvoir). A titre personnel, et n’étant pas exégète de l’islam, je refuse donc d’avoir ne serait-ce qu’un avis autre qu’esthétique (donc non politique) sur les différentes sortes de voile islamique.

II/ Pourquoi et pour quoi il y a-t-il des femmes voilées en France et en Europe ?

Dans un récent article, la journaliste Charlotte d’Ornellas de Valeurs Actuelles a timidement et brièvement évoqué l’origine du voile en France. Elle y souligne à juste titre que ce n’est pas une question de laïcité. En effet, s’il y a des femmes voilées en France, et plus largement des musulmans, c’est qu’il y a des Français d’origine maghrébine, voire des binationaux. Plusieurs points sur la nationalité sont à souligner avant de continuer : premièrement, les communautés issues du Moyen-Orient (Liban, Syrie, Irak…) sont minoritaires en France, et parfois chrétiennes. Deuxièmement, si la France autorise et reconnait la double nationalité, des pays comme l’Algérie sont en passe de l’interdire. Troisièmement, cette réislamisation est récente. Toujours pour ce qui est de l’Algérie, c’était même l’une des raisons qui avait forcé un certain nombre d’Algériens à fuir leur pays dans les années 90 pour venir en France. Quatrièmement, c’est le patronat qui a fait venir en masse ces immigrés dans les années soixante et soixante-dix, pour faire pression à la baisse sur les salaires, selon une confidence faite à Jean-Marie Le Pen par… Valéry Giscard d’Estaing.

Néanmoins, le nombre ou la religiosité des musulmans de France n’est pas le débat, pas plus que la « laïcité ». Les tenants de ce débat-là, qui veulent interdire aux femmes musulmanes de se voiler (et plus largement étendre la loi de 2004, déjà inutile et démagogique) sont des idiots et des nains politiques. Ils oublient que ces musulmans ne sont pas venus en France et en Europe par hasard ou par erreur : on ne trouve aucun Algérien ou Tunisien à Singapour ou en Corée du Sud pourtant fort riches, pratiquement aucun en Autriche, dont le niveau de développement et de richesse sont semblables à la France. En somme, tant que ces Maghrébins se contentaient d’enrichir le patronat et l’industrie français (et aujourd’hui italien, espagnol…), peu importait au pouvoir politique et audit patronat qu’ils fussent musulmans, pratiquants ou non. Mais à une époque de crise sociale, économique, politique, spirituelle, et de tensions notamment en Afrique et au Moyen-Orient, le Maghrébin surtout violent, au chômage, non intégré et réislamisé devient un problème.

III/ Quelle est la solution politique au problème du voile ?

Nous venons de l’évoquer, le problème du voile n’est donc ni religieux ni esthétique, comme le dénoncent ses adversaires, mais à la fois culturel, démographique, et en définitive politique. Dénoncer « l’islam politique » est une formule de langage purement médiatique de la part de gens qui n’ont pas l’humilité et les outils scientifiques pour parler de l’islam qui est par nature politique.

La solution politique raisonnable me semblerait donc tenir en plusieurs étapes. La première consisterait en un évident arrêt de l’immigration, complété par une sélection de celle-ci, à l’image de ce que font des pays comme l’Australie, le Canada, ou le Royaume-Uni. La deuxième consisterait en l’application de la double peine, conduisant en l’expulsion massive d’un grand nombre de délinquants et criminels étrangers. La troisième consisterait en l’expulsion sous dix-huit mois de tous les clandestins, assortie éventuellement d’une aide au retour et de constructions de camps dans les pays de retour. La quatrième consisterait en l’instauration de programmes d’aide au retour, comme ce que mettent déjà en place un certain nombre de communautés d’Afrique subsaharienne (Cameroun, RDC…) afin de surveiller et encadrer notamment le financement.

IV/ Et le terrorisme ma bonne dame ?

Le terrorisme, qui n’est jamais que le manifestation violente du communautarisme, et donc pas systématique quoique épouvantable, trouvera sa résolution en partie dans les solutions proposées plus haut : la fin de l’immigration et du communautarisme tueront dans l’œuf toute velléité de terrorisme, en complément de services de police, de renseignements et de juste efficace mais respectueux des droits des individus. A ce titre, et concernant les looks des uns et des autres, il apparaît nécessaire de rappeler à chacun que les terroristes du Bataclan portaient jean et blouson, et étaient rasés de prêt (à l’inverse de l’auteur de ces lignes, qui arbore une ravissante barbe aux délicats reflets roux qui n’est pas sans déplaire au beau sexe). Etant un vrai libéral, je suis pour que chacun porte ce qu’il veut en termes de vêtements, selon sa philosophie, sa religion, ses opinions politiques, tant qu’il n’y a pas d’appel à la haine nominatif et que la santé mentale des enfants notamment est respectée (en clair, je ne suis pas favorable au nudisme en dehors des lieux prévus à cet effet).

Il faut également rappeler que le terrorisme s’inscrit dans un contexte global d’insécurité : recréer une chaîne police-justice-administration pénitentiaire, et mettre fin à un certain nombre d’interventions en Afrique et au Moyen-Orient, ne peut qu’aider à faire diminuer les actes terroristes en France.

Tant que nous serons les esclaves des médias et des agendas politiques des uns et des autres, nous ne pourrons traiter sérieusement et sereinement de cette question. Les problèmes et leurs responsables sont connus, il suffit de les pointer.